mercredi 10 novembre 2010

Coquelicots trompeurs

Tel que publié dans l'édition du 5 novembre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Avez-vous déjà votre coquelicot cette année?

N'est-ce pas qu'on se sent bien d'avoir donné quelques sous au monsieur avec la canette pour Appuyer nos vétérans et notre militaire? Mais est-ce assez?

Nos vétérans sont des gens qui ont vécu des choses qui se décrivent mal. À ce temps-ci de l'année, on entend beaucoup parler des "grandes guerres" du début du 20ieme siècle, et des soldats qui y ont laissé leurs vies. On ne peut s'empêcher d'avoir un peu les larmes aux yeux de voir des hommes ainés qui sont émotionnels aux cérémonies officielles. Mais qu'en est-il de nos vétérans récents?

N'oublions pas que nous sommes présentement en guerre. L'armee canadienne est en Afghanistan depuis presque dix ans, pourquoi ne pensons nous pas plus à eux? C'est peut être parce que les guerres dautrefois avaient des missions de combat claires et faciles à comprendre. On comprend bien qu'il fallait intervenir en Europe pour la justice, pour le bien du monde, pour la liberté. Mais que faisons-nous en Afghanistan? On se bat contre le taliban? On garde la paix? On ramasse les dégâts de Bin Laden? On recrée un pays? En tout cas c'est moins clair que "aller se battre contre les allemands". Et c'est sur qu'il y a cette nostalgie, surtout des années 40. Combien de fois a-t-on vu cette photo du fameux baiser de la fin de la deuxième guerre mondiale? C'est peut être pourquoi on pense moins à nos vétérans récents le 11 novembre. Parce qu'on n'a pas la nostalgie des horreurs toujours en cours.

Je crois qu'il est important de ne pas se limiter à seulement porter une fleur de plastique et penser à nos ainés cette année. Pensons à nos jeunes vétérans qui sont affectés du syndrome du stress post-traumatique. Pensons aux jeunes familles qui doivent essayer de trouver un rythme de vie avec le conjoint militaire souvent absent. Pensons aux épouses ( le militaire est encore largement une affaire d'hommes) qui s'occupent de leur enfants seules pendant des mois, gardant le sourire aux lèvres mais en se demandant si elles reverront leur mari un jour. Pensons aux pensions gouvernementales qui affectent nos vétérans de tous âges. Bref, pensons large.

Nous pouvons appuyer notre militaire de toutes sortes de façons. Nous pouvons faire des pressions auprès du gouvernement. Nous pouvons faire du bénévolat au centre pour les familles militaires. Nous pouvons aider nos vétérans récents à garder une santé mentale saine. Nous pouvons faire sur que les familles militaires et les vétérans que nous connaissons savent que nous comprenons que ce n'est pas toujours facile pour eux et que nous sommes là s'ils ont besoin de parler ou s'ils ont besoin de coup de main.

C'est vrai qu'un coquelicot sur son manteau c'est joli, mais efforçons-nous de donner plus qu'un toonie cette année!

Des promesses, des promesses

Tel que publié dans l'édition du 29 octobre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Cette semaine, un moment du Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques m’est revenu à l’esprit, et je vais le partager avec vous.

Le dernier soir du Forum, nous avons eu une cérémonie de l’engagement, où chacun a pu déclarer devant le groupe ce qu’il ou elle ferait suite au Forum pour faire rayonner le français dans son coin du monde. C’était un moment émouvant, et la plupart des participants se sont engagés à faire des projets, à rassembler des gens, à partager les réalisations qu’ils ont eu pendant notre séjour ensembles.

Et finalement, un participant s’est levé, l’air grave. Il a dit que dans son pays d’origine, il y avait un proverbe. On disait qu’une promesse faite est une promesse tenue. Il a dit que nous devions faire attention à ce que nous disions pendant que nous étions remplis d’émotions et prêts à s’engager à n’importe quoi, parce que notre honneur tenait à qu’on fasse vraiment ce que nous disions vouloir faire.

Ce commentaire bien placé m’a beaucoup fait réfléchir. Il est vrai que lorsque nous sommes en mode événement, et que ça fait des heures ou des jours que nous discutons des sujets qui sont près de nos cœurs, que nous sommes vulnérables. Nous sommes épris d’un idéalisme où tous sont prêts à faire le travail qui va pour soutenir les idées de projets que nous avons. Nous sommes dans un environnement où l’on côtoie des gens come nous, qui partagent notre fougue et notre passion pour changer le monde. Et c’est dans ces moments qu’il faut faire attention à quoi on s’engage.

Il faut faire attention, non pas parce que nous devons limiter notre imagination, mais parce que les événements rassembleurs ne sont pas la vraie vie. Dans la vraie vie, vouloir changer le monde devient une petite partie des choses auxquelles nous pensons au quotidien. Parfois, lorsque nous reprenons contact avec nos réalités, lorsque nous redevenons marginaux par nos opinions et nos passions, lorsque nous devons nous entourer de gens qui n’ont pas vécu les moments émotionnels avec nous, nous perdons l’entrain de faire les choses que nous nous sommes engagés à faire. Et c’est pourquoi il fait choisir avec attention ce que nous promettons de faire. Il suffit de regarder à la différence entre les promesses électorales de n’importe quel politicien et les réalisations faites durant leur mandat pour voir que c’est vrai.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas s’engager à faire des choses alors que nous sommes dans des moments de réalisations identitaires, mais de vraiment réfléchir avant de laisser des promesses quitter ses lèvres. On peut souhaiter que des choses soient faites, ou désirer, ou espérer. Mais une promesse est une promesse, il et faut se respecter assez pour les tenir.