lundi 18 octobre 2010

Livre de visages

Tel que publié dans l'édition du 15 octobre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Ahh Facebook. Quel cadeau et quel boulet à la fois. Cet outil à but rassembleur peut causer des inquiétudes morales et légales, sans mentionner le stress de se demander si les photos de la fin de semaine vont se retrouver devant tout le monde.



Malgré ces aspects bien connus et beaucoup discutés, Facebook peut aussi être intéressant d'un point de vue linguistique  (oui, j'arrive toujours à trouver un angle francophone à tout!). En plus de nous permettre de nous connecter et nous regrouper, on peut étudier nos interactions virtuelles pour en arriver à des conclusions sociologiques sur nos choix linguistiques.

Ça fait longtemps qu'on discute de ce qui arrive lorsqu'un groupe de francophones se parlent entre eux et qu'un anglophone entre dans la pièce. Facebook est essentiellement cette situation 24/7, et nous devons constamment choisir dans quelle langue nous exprimer, à la perte d'une part de nos lecteurs.

Comment choisir dans quelle langue « partager » ses nouvelles? Parfois, c'est facile. Si c'est à propos d'un groupe linguistique, on le met dans leur langue: "Céleste se sent acadienne aujourd'hui.". Si on cite quelque chose, ont écrit dans cette langue-là: "Tu me Bonnie, je te Clyde- Pascal Lejeune dans la tête!". Mais c'est dans les situations les moins évidentes que ça devient vraiment intéressant.

Disons que je trouve la température belle aujourd'hui et que je décide de partager ça avec tout le monde. Que fais-je? Français? Anglais? Au hasard? Certains mettent ça dans les deux langues, mais je trouve que ça fait un peu trop style publication gouvernementale. Le choix est toujours personnel, et d'habitude avec peu de réflexion philosophique, et c'est ça qui rend les résultats honnêtes et intéressants.

Par exemple, on trouve des statuts en anglais sur des sujets très francophones: "Celeste is reading Le Courrier and finds the editorials very smart ;) ". On trouve des conversations qui changent d'une langue à l'autre: "Céleste est excitée pour le show de Jacobus et Maleco ce soir" "Me too! Can't wait". Et finalement, il y a l'ami(e) qui ne comprend rien et n'a pas l'intelligence d'utiliser Google traductions: "Céleste est fière de pouvoir écrire ses statuts en français" "What does that even mean? Is it French?".

Nous avons tous à faire un choix à toutes les fois que nous diffusons quelque chose à un groupe mixte de gens. Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix, et les conséquences ne sont pas bien graves, mais ce serait peut-être bon de réfléchir un peu à franciser Facebook, en le faisant nous-mêmes, dans les mesures du raisonnable.




2 commentaires:

  1. Merci pour cette réflexion linguistique, Céleste!

    Je partage ces sentiments quand j'écris sur fb... parfois j'écris quelque chose deux fois, mais je le trouve comme tu dis - "style publication gouvernementale."

    -Melissa V.

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  2. J'aime bien les points dont tu souleves Celeste. J'fais face a ca tout le temps, alors j'suis content que je suis pas le seul qui pense a ca. :P

    Boots

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