jeudi 7 octobre 2010

Néo-Acadiens

Tel que publié dans l'édition du 1er octobre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Les acadiens sont en train de changer. Je ne parle pas d’un changement personnel dans chaque individu, mais plutôt au niveau du peuple et de la diaspora.

Nous avons de plus en plus de nouveaux arrivants au sein de nos communautés. Avec l’ouverture du Centre de l’immigration francophone Nouvelle-Écosse la semaine prochaine, nos avons officiellement un rôle dans l’arrivée dans notre province de gens qui parlent notre langue. Et nous accueillons depuis longtemps des francophones de partout au Canada, notamment du Québec. 

Tout ça est important, mais il faut aussi penser à l’influence que cette diversification francophone a sur l’identité acadienne. Je ne propose absolument pas de lancer le débat sur l’identité acadienne, ce qui a, dans ce contexte, des teintes de racisme et d’exclusion. Il suffit de regarder à comment ce débat a nuit à l’image de la France lorsqu’elle l’a eu. Par contre, est-il vraiment juste de dire que nos institutions desservent les Acadiens alors qu’elles s’occupent maintenant de Sénégalais, de Marocains, de Libanais, de Québécois, et de tous ceux qui veulent avoir une vie en français? Je pense que oui.

Il est non seulement important de préserver l’importance de la culture acadienne dans le contexte historique de notre province, mais aussi d’ouvrir les portes de l’Acadie aux autres. Si nous n’accueillons pas les gens au sein de notre communauté, les nouveaux arrivants vont naturellement soit former leur propre communauté francophone, à l’extérieur de la notre, ou simplement s’intégrer à la communauté anglophone. L’exclusion va soit ségréger les francophones selon leur origine, soit les perdre tout court. Ni l’un ni l’autre ne nous aide.

Il faut alors non seulement partager ce qu’est notre culture, mais aussi faire passer le message qu’elle peut leur appartenir aussi. À l’encontre de l’ancienne vision que les Acadiens sont seulement les descendants des LeBlanc, des Comeau, des D’Entremont qui ont formé l’histoire francophone sur ce territoire, nous devons changer notre discours pour laisser savoir aux gens qu’ils peuvent aussi devenir Acadiens. Notre culture ne perd rien en laissant quelqu’un d’origine externe se dire Acadien. En fait elle en profite énormément. L’Acadie prendra des nouvelles couleurs, et on verra peut-être des changements importants à ce qui se passe dans notre culture, et tout ça, c’est un signe de progrès!

Et comment ces nouveaux arrivants peuvent-ils savoir qu’ils sont devenus Acadiens? S’ils posent la question, c’est qu’ils le sont déjà.

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