jeudi 7 octobre 2010

Anglo Society

Tel que publié dans l'édition du 23 juillet 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse


Pour tous les défis que nous avons comme acadiens et francophones, nous pouvons nous compter chanceux d’une chose : nous n’avons pas de groupe organisé qui s’oppose officiellement à notre lutte pour nos droits. Ce n’est pas le cas pour nos voisins au nord.

La Anglo Society of New Brunswick est un groupe qui se dit défendeur de la culture et de la langue anglais au Nouveau-Brunswick. Ses activités incluent écrire des lettres aux journaux et faire des manifestations contre l’affichage bilingue.

C’est difficile pour moi de lire leur lettres, d’abord parce que je m’oppose fondamentalement à leur idéologie principale, mais aussi parce que leurs arguments ne sont pas toujours bien fondés. Par exemple, une des lettres publiés sur leur site Internet  ( qui n’est pas disponible en français, grosse surprise…) commence en parlant de l’immigration francophone, ensuite dit que cela enlève des soins de santés aux ainés, et finit par dire qu’il ne faut pas imposer la langue de la minorité à la majorité. Une autre parle de « french agitators », et insinue qu’il y a une espèce de conspiration pour insister sur des services en français là ou ce n’est vraiment pas nécessaire.  La moindre des choses qu’on peut dire, c’est que c’est décousu leur affaire.

Mais s’ils étaient mieux organisés et plus éloquents? Ils pourraient avoir une vraie influence sur les décideurs. Leurs peurs sont compréhensibles. Ils n’ont pas accès aux emplois bilingues, et ils semblent croire que chaque pas de l’avant de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick force la communauté anglophone à prendre un pas de l’arrière. Pour eux, chaque dollar dépensé sur le bilinguisme est un dollar qui ne sera pas utilisé pour répondre à leurs besoins. Fondamentalement, l’idée de garder un œil sur comment on fait avancer le bilinguisme n’est pas mauvais, puisque ça demande au gouvernement d’être fiscalement responsable avec ses dépenses, et de penser aux conséquences pour la population en général lorsqu’elle fait des décisions qui affectent une minorité.

La Anglo society peut nous apprendre un leçon de tolérance. Si on veut le droit de revendiquer pour notre cause, il faut accepter que ne sera pas les seuls à le faire.  On sait au moins qu’on vit dans un pays démocratique, où plusieurs intérêts sont représentés. La meilleure chose qu’on puisse faire, c’est les éduquer sur la situation francophone, pour qu’ils comprennent mieux pourquoi leur gouvernement donne du soutient aux communautés acadiennes qui les entourent, et espérer qu’ils arrivent à voir plus clair là-dedans.

Malgré tout ça, c’est quand même tentant de les narguer en leur écrivant  en français et en demandant qu’ils traduisent leurs lettres, puisqu’on est un pays bilingue, après tout. 

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