jeudi 7 octobre 2010

Déportation de moindre importance

Tel que publié dans l'édition du 2 juillet 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

L’omission de la mention de la déportation dans le guide à intention des médias pour la visite prochaine de la Reine Elizabeth II en Nouvelle-Écosse fait beaucoup parler ces temps-ci .C’est une chance pour les acadiens de la Nouvelle-Écosse de faire front commun pour témoigner de la résilience du peuple acadien.

Les réactions et les opinions face à la déportation varient : Il y a ceux qui souhaiteraient des excuses officielles de la part de la reine, ceux qui voient la déportation comme un génocide et qui réclament des réparations, et il y a ceux qui croient qu’il vaut mieux laisser aller les événements du passé lointain. Par contre, tous sont d’accord sur le fait que la déportation est des moments des plus importants dans l’histoire du peuple acadien.

L’omission donne un message très clair : Le gouvernement ressent une gêne lorsqu’il doit rappeler aux médias que les ancêtres de la reine actuelle nous ont déporté, et ce de façon violente. Qui pourrait les blâmer? Les acadiens ont ressenti une gêne aussi, lorsqu’ils ont perdu toutes leurs possessions, et se sont fait déposer dans des endroits où ils étaient non-bienvenus dans le meilleur des cas ou esclaves dans le pire. Même les soldats britanniques de l’époque ont ressenti une honte en commettant des actions qu’ils savaient injustes et immorales. Il est facile d’imaginer le malaise qu’on pourrait ressentir à essayer de décrire la dispersion de tout un peuple et la mort de milliers d’acadiens en une ou deux phrases, tout en restant assez neutres pour ne pas paraitre attaquer la reine pour les actions de la monarchie qu’elle représente, et sans l’impression qu’elle ne sera pas bien reçue lors de sa visite. Peut-être ne veulent-ils pas lui faire croire qu’elle recevra une râpure au visage?

Par contre, l’omission complète de l’événement n’est pas une solution acceptable. En ne disant rien du tout au sujet de la déportation, le gouvernement donne le message qu’il est impoli de parler de ce qui nous est arrivé, et qu’il vaut mieux ne pas en parler devant le parti coupable. Au contraire, c’est parce que c’est gênant d’en discuter qu’il est primordial de le faire. C’est en reconnaissant les horreurs erronées du passé qu’on démontre que ce genre d’action n’est pas acceptable, et qu’on mise sur un avenir où cela ne sera pas toléré, ni en Acadie, ni ailleurs.

Au moment de rédaction, aucune réponse officielle au sujet de l’omission n’a été reçue. Ceci peut laisser entendre que ce faux-pas ne sera peut-être pas le seul lors de la visite officielle. Y-aura-t’il des cérémonies dans les deux langues officielles? Parlera-t-on des acadiens comme étant autre chose que des colons français mystérieusement disparus au milieu du 18ème siècle? Les réussites des acadiens depuis 1755 seront-elles à l’affiche? Il y a là une opportunité pour la communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse de se rassembler pour ensemble signaler notre présence, et de faire reconnaitre l’histoire de notre peuple, gênante ou non.


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