lundi 25 octobre 2010

Bilinguisme obligatoire


Tel que publié dans l'édition du 22 octobre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

J’ai récemment demandé à une jeune anglophone ce qu’on pouvait faire pour que nos deux communautés linguistiques soient plus unies. Elle m’a répondu quelque chose de très intéressant : Il faudrait faire tous les anglophones apprendre le français dans le cadre du système scolaire.

Il y  a certainement des options qui existent pour que les anglophones puissent se franciser au cours de leur éducation secondaire, notamment le programme d’immersion qui leur permet de prendre leurs cours en français. Les étudiants qui ne choisissent pas l’immersion ont l’option de prendre des cours de français, au choix. Malheureusement, ces cours ne sont pas assez intensifs pour rendre les jeunes qui les prennent bilingues.

Alors si on imposait l’enseignement des deux langues à tous les canadiens? Il faudrait une grande réforme du système, mais imaginez si tous les canadiens pouvaient comprendre les deux langues officielles. Notre petit monde francophone serait accessible à tous et il y aurait peut-être la formation d’une identité commune.  

Nos écoles francophones enseignent déjà l’anglais au même niveau que les écoles anglaises. Notre environnement minoritaire est assez pour qu’on apprenne l’anglais plus ou moins par osmose. Faudrait-il alors évaluer le facteur environnemental  pour chaque région afin de personnaliser le système d’éducation selon le niveau d’exposition à l’autre langue officielle?  Est-ce qu’on le fait par province? Par école? Par élève, même? Ça pourrait être problématique.

J’aurais aussi une inquiétude par rapport à la façon dont la relation est formée avec la langue française. Dans mon expérience personnelle, beaucoup de personnes qui apprennent le français sont gênés de l’utiliser. Ils disent souvent que c’est parce que leur accent n’est pas bon.  C’est tellement triste de voir quelqu’un qui a fait l’effort d’apprendre une autre langue ne pas avoir la confiance de l’utiliser. Il faudrait alors enseigner le français en le mettant dans le contexte de la francophonie internationale, ou il a en fait plusieurs français, et où les accents sont infinis. Et en plus, l’accent « francophile » est adorable!

Finalement, dans un canada où les jeunes qui graduent de l’école sont capables de converser dans les deux langues officielles, il faudrait prendre avantage de ça. Vous savez comme moi que lorsqu’on n’utilise pas une langue, on la perd. Il faut donc donner des occasions à ces jeunes d’utiliser le français. J’ajouterais aussi qu’il faudrait leur faire vivre des expériences qu’ils partagent avec des francophones de souche et où ils voient qu’ils sont des petites tuiles dans la mosaïque de la francophonie. Je crois qu’il est temps d’arrêter de promouvoir la langue français comme un outil de travail, et de commencer à  parler du côté plus affectif.

Mais ce n’est pas demain que tout cela arrivera. Rendre les canadiens bilingues n’est pas une tâche facile, et nécessite un effort incroyable du gouvernement fédéral, et une grande concertation des provinces, sans mentionner les coûts d’une telle réforme au système.

Mais imaginez un monde où on ne parle plus de minorité anglophone ou francophone, mais on parle de minorité unilingue, et de majorité bilingue.

1 commentaire:

  1. J'aime l'idée d'un tel monde. Et puis il existe déjà dans bien d'autres pays.

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