lundi 6 décembre 2010

Réellement télé

Tel que publié dans l'édition du 3 décembre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Je l’admets. Je regarde la poubelle de la télévision, la téléréalité. Et vous aussi.

Selon certaines statistiques, plus de 70% des gens regarderaient régulièrement des émissions de téléréalité.
Nous sommes gênés de l’admettre parce que nous savons que cette programmation n’est pas du plus haut calibre, et utilise le sensationnalisme pour assurer ses chiffres. Nous savons que ce sont le personnel dans la salle de montage qui exagèrent les personnalités des gens avec leur choix. Nous savons qu’ils mettent les gens dans des moments de stress intentionnel pour avoir de meilleures réactions. Et pourtant, nous regardons ces émissions. Pourquoi?

D’abord, parce que nous sommes curieux. Sans nécessairement vouloir l’admettre, nous aimons savoir ce qui se passe dans la vie des autres. Les statistiques d’utilisation de Facebook démontrent que nous passons la majorité de notre temps sur leur site à regarder les photos des autres.  Moi j’appelle ça l’esprit de gossipeuse en nous tous.  Quoi de mieux pour piquer cette curiosité que de nous offrir une vitrine dans une style de vie que nous connaissons peu, ou même dont nous ne savions même pas l’existence? Comment pouvons nous dire non à la possibilité de passer une demi-heure à voir comment fonctionne une famille avec 17 enfants, ou avec quatre mamans, ou avec des parents de petite taille? Un peu ennuyé de son emploi? Pourquoi ne pas voir comment ça se passe dans un salon de tatouage, ou dans une pâtisserie, ou chez Donald Trump? C’est un univers où les chanteurs amateurs finissent par gagner des Oscars, et où les candidats politiques nous emmènent chasser avec leur famille.

Ces émissions sont aussi offertes dans un format qui rend leur consommation facile. C’est comme des petits documentaires, sans la lourdeur ou le recul d’une prémisse claire. On peut commencer à regarder une série n’importe quand, puisqu’il y a peu de continuité dans les épisodes. Les personnes filmées démontrent bien leur stéréotypes donnés, alors pas besoin de se rattraper sur leur parcours. En plus, c’est disponible 24/7 et il y a des chaines entières qui y sont dévouées. Pas pour rien qu’on appelle ça le fast food de la télévision. En plus, l’émission sera probablement suivie d’un autre épisode de la même série, ou encore mieux, dans la même veine (passer de la pâtisserie aux petits gâteaux ).

Mais Beaucoup des émissions sont des productions canadiennes. Il a les grosses productions comme Canadian Idol et Star Académie, mais aussi d’innombrables émissions de décor, d’immobilier et de mode. L’appui du public pour certaines émissions est impressionnant. Quand on pense que plus de personnes ont voté pour le gagnant d’American Idol en 2004 que pour le président des États-Unis, il faut se demander s’ils n’auraient pas quelque chose à nous apprendre sur l’engagement citoyen. 

Cette mode est loin d’être passée, et nous avons peut-être la chance d’en profiter. 22 minutes a récemment fait un sketch nommé Acadie Shore, parodiant le format téléréalité. C’était peut-être une blague, mais si on m’offre la chance de voir un acadien de chaque région dans vivre une maison , se disputant sur ce qui est de la vraie râpure et faisant compétition pour voir qui connait le plus de paroles de 1755, je serai collée à l’écran. Et vous aussi.

Choisis ton aventure

Tel que publié dans l'édition du 26 novembre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Aujourd’hui, vous allez choisir votre propre aventure.

Imaginez-nous en train de vous préparer à demander un service d’une partie offrant un service bilingue. Ça peut-être une agence gouvernementale, une compagnie privée, ou n’importe quelle autre situation où vous avez le droit de vous faire servir en français. Vous arrivez au comptoir (où, après avoir choisi une d’une innombrable quantité d’options vous tombez finalement sur une vraie personne au téléphone), et avec votre plus beau sourire aux lèvres, vous dites « Bonjour! », puis posez votre question en français.  La personne vous répond qu’ils ne parlent pas en français (Ici, vous êtes libres d’imaginer le ton qu’ils prennent : mal à l’aise, défiants, de bonne humeur, espérant que vous n’êtes pas venu évaluer la qualité du service bilingue, etc. C’est votre histoire, après tout).

Comme cette personne ne peut vous servir dans votre langue, vous :

a)    Demandez en français  si on peut vous trouver quelqu’un qui peut vous servir en français.

b)    Demandez en anglais  si on peut vous trouver quelqu’un qui peut vous servir en français, pour faire sur qu’ils vous comprennent.

c)    Demandez en anglais (avec votre accent francophone le plus lourd ) si on peut vous servir en français, feignant que les seuls mots que vous connaissez en anglais sont pour demander du service en français

d)    Leur laissez savoir que vous savez que vous avez le DROIT d’être servi en français, et que vous ne bougez pas jusqu’à ce qu’ils se débrouillent. En attendant, vous leur lisez les articles 16 à 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, parce que tant qu’à attendre, autant sensibiliser…

e)    Reposez votre question en anglais, parce que anyways, mesque vous leur disez que vous voulez renewer votre license plate, ils vont savoir que vous les comprennez.
Je vous avoue d’avoir essayé toutes ces solutions auparavant. Oui, même le faux accent, question de ne pas se sentir mal de les laisser savoir qu’il serait super facile de juste me faire servir en anglais, au lieu de les faire suer. Ça peut sembler cruel, mais en revange j’ai le malaise de leur mentir linguistiquement (c’est la pire sorte de mensonge, comme lorsqu’on se dit que puisqu’on a parfois de la difficulté à s’exprimer en français qu’on n’est pas vraiment francophone).

C’est sur que dans un monde idéal, on n’aurait pas besoin de faire ce choix, parce que cette situation ne devrait pas avoir lieu. Mais la réalité est que parfois il manque de personnel, ou il y a une personne qui est bilingue, mais elle est malade ce jour-là, ou quelqu’un a sous-estimé la demande pour les services en français. De plus, la grande majorité des francophones est capable d’au moins de débrouiller en anglais, et ne veut pas attendre plus qu’il faut pour se faire servir, peu importe la langue. Comment trouver la ligne entre être patriote pour la cause et être raisonnablement flexible? C’est un équilibre entre la valeur de se faire servir en français et le temps supplémentaire nécessaire pour que ça arrive, prenant compte des facteurs comme l’humeur de la personne qui vous sert, et combien lutteur vous vous sentez aujourd’hui. Demander ses services en français est autant une question émotionnelle que politique.

Par contre, lorsque la GRC nous arrête pour excès de vitesse, nous devenons très vite prêts à insister sur le service en français…

À vos horloges

Tel que publié dans l'édition du 12 novembre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

J’ai récemment voyagé à l’ouest du pays, et je me suis retrouvée à l’aéroport de Toronto au retour. Il était environ 5 heures moins le quart et le soleil commençait à se coucher. J’ai trouvé étrange que Toronto soit assez au nord que je vois une si grande différence dans l’horaire du soleil. Et là, je me suis souvenue du changement d’heure qui avait eu lieu le soir d’avant. Ugh.

Ugh, parce que cela veut dire que pour les prochains mois, je vais voir la nuit plus que je voudrais.  Parce que l’hiver canadien est un test sur notre stabilité mentale. Parce que la slush s’en vient. Mais surtout parce que je trouve ça inutile de garder cette tradition de changer nos horloges 2 fois par année.

Supposément, ce serait pour aider nos confrères dans l’industrie agricole. Sauf que dans un monde avec des processus mécaniques remplaçant les processus manuels, ceci est de moins en moins nécessaire.  De plus, puisque nous avons le même montant d’heures totales où le soleil est levé, pourquoi les commencer plus tôt?

On parle de plus en plus de désordre saisonnier, faisant le lien entre nos humeurs et l’environnement dans lequel on se trouve (pas étonnant qu’on se sent souvent au ralenti au mois de février). On sait que notre exposition à la lumière affecte notre état mental et  physique.  Mais on continue de se donner le choc annuel de soudainement voir le soleil qui se couche une heure de plus tôt, ce qui nous donne comme un gros soupir interne, parce qu’on sait que l’hiver arrive.

Certains disent qu’ils aiment voir le soleil se lever une heure de plus tôt. Moi je leur réponds qu’ils sont fous. Ou vivent des situations où ils doivent passer du temps dehors très tôt le matin. La plupart d’entre nous avons notre temps libre après le travail, en fin d’après midi. Et c’est précisément à ce temps-là que nous perdons de la lumière avec ce changement d’horaire démodé. 

Je crois qu’il est temps d’enlever cette procédure et de garder nos heures fixes.  L’hiver nous donne assez de fil à retordre sans qu’on le rende encore plus difficile.  En plus, on pourrait éviter beaucoup de confusion avec les erreurs faites quand le temps change, et la confusion sur s’il faut ajouter ou enlever une heure.  Suivons la Saskatchewan et prenons charge de nos horloges!

Note: J'ai reçu un réponse à cet éditorial, me disant que je ne comprends pas le fonctionnement du changement d'heure, parce que c'est au printemps que nous n'avons plus la vraie heure. Ou quelque chose...En tout cas, ça prouve que c'est encore moins logique que je le pensais.