lundi 6 décembre 2010

Choisis ton aventure

Tel que publié dans l'édition du 26 novembre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Aujourd’hui, vous allez choisir votre propre aventure.

Imaginez-nous en train de vous préparer à demander un service d’une partie offrant un service bilingue. Ça peut-être une agence gouvernementale, une compagnie privée, ou n’importe quelle autre situation où vous avez le droit de vous faire servir en français. Vous arrivez au comptoir (où, après avoir choisi une d’une innombrable quantité d’options vous tombez finalement sur une vraie personne au téléphone), et avec votre plus beau sourire aux lèvres, vous dites « Bonjour! », puis posez votre question en français.  La personne vous répond qu’ils ne parlent pas en français (Ici, vous êtes libres d’imaginer le ton qu’ils prennent : mal à l’aise, défiants, de bonne humeur, espérant que vous n’êtes pas venu évaluer la qualité du service bilingue, etc. C’est votre histoire, après tout).

Comme cette personne ne peut vous servir dans votre langue, vous :

a)    Demandez en français  si on peut vous trouver quelqu’un qui peut vous servir en français.

b)    Demandez en anglais  si on peut vous trouver quelqu’un qui peut vous servir en français, pour faire sur qu’ils vous comprennent.

c)    Demandez en anglais (avec votre accent francophone le plus lourd ) si on peut vous servir en français, feignant que les seuls mots que vous connaissez en anglais sont pour demander du service en français

d)    Leur laissez savoir que vous savez que vous avez le DROIT d’être servi en français, et que vous ne bougez pas jusqu’à ce qu’ils se débrouillent. En attendant, vous leur lisez les articles 16 à 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, parce que tant qu’à attendre, autant sensibiliser…

e)    Reposez votre question en anglais, parce que anyways, mesque vous leur disez que vous voulez renewer votre license plate, ils vont savoir que vous les comprennez.
Je vous avoue d’avoir essayé toutes ces solutions auparavant. Oui, même le faux accent, question de ne pas se sentir mal de les laisser savoir qu’il serait super facile de juste me faire servir en anglais, au lieu de les faire suer. Ça peut sembler cruel, mais en revange j’ai le malaise de leur mentir linguistiquement (c’est la pire sorte de mensonge, comme lorsqu’on se dit que puisqu’on a parfois de la difficulté à s’exprimer en français qu’on n’est pas vraiment francophone).

C’est sur que dans un monde idéal, on n’aurait pas besoin de faire ce choix, parce que cette situation ne devrait pas avoir lieu. Mais la réalité est que parfois il manque de personnel, ou il y a une personne qui est bilingue, mais elle est malade ce jour-là, ou quelqu’un a sous-estimé la demande pour les services en français. De plus, la grande majorité des francophones est capable d’au moins de débrouiller en anglais, et ne veut pas attendre plus qu’il faut pour se faire servir, peu importe la langue. Comment trouver la ligne entre être patriote pour la cause et être raisonnablement flexible? C’est un équilibre entre la valeur de se faire servir en français et le temps supplémentaire nécessaire pour que ça arrive, prenant compte des facteurs comme l’humeur de la personne qui vous sert, et combien lutteur vous vous sentez aujourd’hui. Demander ses services en français est autant une question émotionnelle que politique.

Par contre, lorsque la GRC nous arrête pour excès de vitesse, nous devenons très vite prêts à insister sur le service en français…

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