mardi 15 mars 2011

État de la situation en Acadie


Tel que publié dans l'édition du 4 mars 2011 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Comme vous le savez bien, dans les dernières semaines, l’Acadie de la Nouvelle-Écosse a pris quelques coups durs. 

Après avoir vu notre drapeau brûlé, et après avoir su que certains employés du gouvernement fédéral ont essentiellement peur de nous parler dans notre langue, il faut prendre un pas de recul et réfléchir à la situation actuelle de notre peuple. 

Nous vivons dans une province où nos besoins linguistiques sont souvent perçus comme une menace. Où nos conversations en public dans notre langue sont considérées impolies. Où chaque supposé droit doit être acquis à coups de procès et protégé par des vigilants individuels qui sont vus comme des radicaux dans leurs propres communautés. Où les panneaux en gaélique sont vues comme étant spéciaux et touchants, et ceux en français sont vus comme des revendications coûteuses. Où être parfaitement bilingue et insister sur se faire servir en français frôle l’hérésie. Et où nos communautés sont isolées les unes des autres et séparées par des régions anglophones afin de nous donner l’illusion d’être seuls dans notre situation, comme l’ont voulu les conditions du retour du grand dérangement.

Non, la vie n’est pas rose pour nous. Cela ne nous empêche pas d’être un peuple fier, qui par le fait même qu’il existe encore aujourd’hui démontre qu’il réussit à surmonter des obstacles qui ont causé la fin de d’autres cultures. Nous avons plus que survécu. Nous avons créé, nous avons innové, nous avons lutté.

Notre marche de l’avant doit se faire en se responsabilisant. Nous ne devons avoir aucune hésitation, aucune honte, à nous montrer comme acadiens, et comme francophones. Nous ne devons pas limiter notre patriotisme à afficher notre drapeau, mais aussi être prêts à défendre ce que ce drapeau représente, la lutte incroyable d’un peuple pour sa survie malgré tous les malheurs vécus.  Nous devons connaître exactement ce que sont nos droits et être à l’aise de demander qu’ils soient respectés. Nous nous devons de mieux connaître notre histoire, mais aussi de connaitre les artistes d’aujourd’hui qui partagent leur vision des réalités que l’on vit. Nous devons utiliser le service en français lorsqu’il et offert, et démontrer une demande pour lorsqu’il ne l’est pas. Nous ne devons pas nous concentrer sur les différences entre nos régions, mais plutôt reconnaitre que nous voulons tous la même chose, à la fin, et commencer à agir comme un peuple uni. Nous devons assurer que nous n’oublions pas que cette langue et cette culture nous a été passée, et que nous avons le devoir de faire sur que nos enfants parlent  le français et ont le courage de le faire.

Lorsqu’on représente l’Acadie sur le plan politique, ou sur la scène culturelle, il ne faut pas s’arrêter au folklore ou à la déportation, mais plutôt oser parler des côtés moins charmants de la situation actuelle. Prenons le temps de connaitre les institutions qui parlent en notre nom, et les politiciens qui votent sur nos lois. Ayons la fierté d’avoir les yeux ouverts à ce qui nous entoure, et le courage de s’exprimer sur notre sort.

Et n’oublions jamais que l’union fait la force.