jeudi 7 octobre 2010

“A French thing”

Tel que publié dans l'édition du 17 septembre 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Comme à peu près tout le monde, j’ai des amis et de la famille qui sont des unilingues anglophones. Et ça me cause des problèmes.

Ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas gentils ou aimables. Ou même qu’ils essayent de m’assimiler. Au contraire, comme je l’ai mentionné auparavant, la plupart sont ouverts à la francophonie et aux francophones. Mais je n’arrive simplement pas à leur expliquer ce que je fais avec la communauté francophone. 

Je travaille dans un organisme à but non lucratif, à développer des projets jeunesse qui visent à, entre autres, développer l’identité culturelle chez les jeunes. Et j’ai beaucoup de difficulté à expliquer ça.

Il faut vraiment faire une énorme mise en situation pour en arriver au travail qui se fait aujourd’hui. Un peu d’histoire acadienne, l’explication du passé des écoles et des luttes qui ont eu lieu, l’explication du rôle des institutions, discussion sur l’assimilation, discussion sur le rôle des familles exogames et de l’importance des milieux francophones, mise au point sur les questions de fierté et d’identité dans une communauté qui n’est pas formée que d’acadiens mais aussi de francophones venus d’ailleurs, petite introduction à la francophonie canadienne et internationale, explication brève des processus financiers qui font rouler les organismes communautaires, description des autres organismes. Et tout ça ne fait qu’expliquer pourquoi je travaille, et non ce que je fais. Et il faut vraiment être intéressé pour assister à ce discours juste pour savoir ce que je fais comme travail.

Mais je m’efforce à expliquer tout ça, parce que je crois qu’il est important pour nous tous d’être mieux compris par la population anglophone qui nous entoure. D’abord, parce qu’ils ont le poids démographique qui est tellement important lors de décisions et de processus démocratiques. Ensuite, parce que j’en ai marre d’entendre que je vais à un « french thing », alors que j’assiste à des forums, des conférences, des concertations, des réunions, des événements jeunesse, et des spectacles. On ne peut pas blâmer qui que ce soit d’être ignorant de la réalité francophone, mais si on les laisse dans cette ignorance, ça devient un peu de notre faute. Et qui sait, ils deviendront peut-être partisans de la cause.

Mais j’ai encore des défis. Par exemple, je donnerais ma main droite pour avoir un mot en anglais qui est équivalent à «animation ». On peut dire que c’est un mélange de hôte, maitre de cérémonie, et de motivateur, mais ce n’est pas très concis, et essayez donc de mettre ça sur votre CV! Aussi, quelle est la meilleure chose à dire à quelqu’un qui dit ne pas aimer votre musique en français parce qu’ils ne comprennent pas les mots et qu’ils sont mal à l’aise? Les envoyer se promener? Leur faire un discours sur comment la musique est importante pour la survie culturelle du peuple? Monter le volume? L’éteindre poliment?

Bref, la relation avec les anglophones n’est pas toujours facile à gérer. Mais il est primordial pour l’avenir de notre communauté qu’au minimum, ils nous comprennent un peu mieux. Et c’est à nous de passer le mot!



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