jeudi 7 octobre 2010

Marée noire met le français en danger

Tel que publié dans l'édition du 30 juillet 2010 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

La fuite d’huile dans le Golfe du Mexique a eu et continue d’avoir des impacts environnementaux évidents. La compagnie British Petroleum sera longtemps connue pour la mort d’écosystèmes complets. Mais sera-t-elle connue pour avoir contribué à la fin de la langue française sur la côte du Golfe?


Les cajuns de la Louisiane sont parmi les victimes de la marée noire, non seulement parce que leur plages sont pleines de boue huileuse, mais aussi parce que leur mode de vie est en péril. Toute l’industrie marine en est affectée. Les conséquences économiques de ne pas pouvoir pratiquer la pêche sont assez évidentes, les conséquences sociales le sont moins.

Pour beaucoup de pêcheurs louisianais, le bateau  et le quai sont des endroits où ils se retrouvent entre francophones et où ils peuvent parler dans leur langue maternelle en toute tranquillité.  Malheureusement, un grand nombre d’eux ne peuvent plus y travailler depuis le début de la fuite au mois d’avril.

Lorsqu’on enlève un milieu où les gens peuvent se sentir à l’aise de parler en français, c’est toute la communauté qui est en danger. Ça ne prend pas longtemps pour perdre complètement  une langue. Ça en prend encore moins pour en perdre assez pour ne plus être à l’aise de la pratiquer. La perte de bateaux de pêche pourrait vraiment mettre en danger l’avenir de la langue français en Louisiane, qui a déjà une lutte assez dure pour sa survie, comme l’indique la fermeture des programmes de français à l'Université Nicholls State, à Thibodaux.

Lorsque nous parlons de solutions aux problèmes engendrés par la fuite d’huile, ne nous tenons pas à seulement nettoyer les animaux avec du savon à vaisselle. La sauvegarde de l’écosystème côtier est évidemment d’importance première, mais ne laissons pas nos frères cajuns être oubliés dans tout ça. D’après les louisianais à qui j’ai parlé à ce sujet, les acadiens de la Louisiane ne partiront pas de la région, peu importe le niveau de malheur auquel ils puissent faire face. Ils ont déjà été déplacés une fois, et ni un ouragan, ni une marée noire ne les fera perdre le chez-eux qu’ils ont bâti et travaillé fort pour maintenir.

Nous pouvons les appuyer en assurant qu’on parle d’eux, que ça soit connu que c’est plus que les fruits de leur pêche qui sont perdus dans toute cette affaire. Nous pouvons aussi s’assurer que leur communauté reçoit le financement nécessaire pour surmonter l’obstacle de plus devant le développement de son plein potentiel.

S’ils ont su survivre à la déportation des britanniques, ils sauront survivre leur huile.

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