lundi 12 septembre 2011

Existons!

Tel que publié dans l'édition du 22 avril 2011 du Courrier de la Nouvelle-Écosse

J’imagine que vous êtes déçus du débat des chefs. En plus de démontrer que ces débats ne sont pas formulés de façon à vraiment mettre les chefs « sur le spot », les francophones qui y sont mentionnés viennent presque uniquement du Québec. Les autres se rangent tous dans une salutation d’Ignatieff. Bien que ce débat apporte au vif la question de comment le Canada perçoit souvent le français comme une question de le Canada anglais versus le Québec  (merci Gilles!),  ce n’est pas là où je vais avec ceci. 

Comment les communautés minoritaires peuvent-elles assurer leur visibilité? Parce que si les gens sont ignorants de notre existence, on ne sera pas à la table. Si les gens croient que nous ne somme pas prêts à défendre nos droits, on ne sera pas à la table. Si les gens croient que nous ne sommes pas assez nombreux pour chavirer le bateau, nous ne serons pas à la table. Si nous laissons toutes ces omissions envahir nos esprits et nous complexer au point où nous ne pensons pas avoir besoin d’être mentionnés, nous ne serons jamais à la table. 

Cette semi-invisibilité ne se traduit pas seulement dans l’arène politique. J’ai eu un chauffeur de taxi Suisse l’autre jour. Ayant soudainement une demi-douzaine de jeunes francophones dans sa voiture, il semblait content de nous parler dans sa langue maternelle. Dans les 40 ans depuis son arrivée en Nouvelle-Écosse, il n’avait jamais pris contact avec la communauté acadienne et francophone. Ses enfants ont été éduqués en anglais. Il n’a jamais pu vivre l’Acadie. 

Il est clair qu’en 40 ans, nous avons fait énormément de progrès. Nous pouvons oser imaginer que si cet homme était arrivé ici aujourd’hui, il aurait peut-être été accueilli en français. Ses enfants auraient peut-être fréquenté une école française.  Mais quand nous nous félicitons sur nos réussites, n’oublions que nous sommes souvent invisibles sur le grand plan. 

Et c’est à nous de réclamer une place de choix sur ce plan. Ça peut donner l’impression qu’il faut constamment être en train de parler de nous-mêmes, de toujours demander pour avoir les mêmes choses, mais rappelons-nous qu’il faut compenser pour toutes les fois où il y aurait fallu parler de nous et ça n’a pas été fait. Rappelons-nous qu’un nombre incroyable de gens croient que le fait français au Canada appartient uniquement au Québec. Rappelons-nous que les autres ne viennent généralement pas à notre rescousse et que c’est à nous de nous prendre en main. Et ne laissons personne oublier notre existence!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire